A l’heure du développement durable, le logement devient durable
Le concept de « développement durable » est apparu dans les années 80, et il connaît un grand succès depuis. Dans le secteur du logement social, le concept de « logement durable » a vu le jour comme suite logique du développement durable. Il s’agit d’un terme utilisé pour désigner un habitat vert : respectueux de son environnement et peu gourmand en énergie.
De manière générale, le logement a :
- un fort impact environnemental: consommation d’énergie et d’eau ;
- un impact économique: secteur pourvoyeur d’emploi et représentatif d’une part importante du budget d’un ménage ;
- et un impact social: puisqu’il s’agit de l’endroit où les ménages vivent au quotidien.
Les 3 dimensions du logement durable
Quand on pense logement durable, on pense d’abord au concept de bâtiment. Pourtant d’autres dimensions doivent être traitées au même titre que la construction en elle-même : il s’agit également d’impliquer l’habitant dans la gestion du logement ou de l’espace public : c’est la dimension de la citoyenneté qui entre alors en jeu.
Dimitri Verdonck, directeur de la fondation Pour la solidarité, met l’accent sur 3 dimensions du logement durable :
- La construction : importance de la qualité des matériaux de construction, l’adaptabilité du logement et les successions d’occupants → qui amène au concept de logement durable ;
- La dimension socio-économique : la capacité financière de l’occupant, les coûts indirects (par exemple, les dépenses de déplacement liées à la localisation), les impacts du logement sur la santé physique et mentale de ses occupants, la fonction psychologique et sociale du logement et de son environnement résidentiel → qui étend vers un concept de logement soutenable ;
- La dimension écologique : le niveau de consommation énergétique, le type d’énergie utilisée, le caractère renouvelable des matériaux de construction, l’espace au sol → qui rajoute le concept de logement éco-efficient.
Une habitation peut donc être considéré comme durable lorsque toutes ces dimensions sont intégrées. En d’autres termes, un logement durable sera viable, équitable et éco-efficient si les aspects sociaux, environnementaux, socio-économiques, économiques et écologiques sont intégrés dans la démarche.
Pourquoi choisir un logement durable ?
Même s’il existe quelques conseils pour optimiser au maximum la durabilité de son logement à son échelle, investir dans un logement durable réponds à des enjeux environnementaux de taille. Avant toute chose, il représente un geste citoyen considérable puisqu’il va permettre de préserver les réserves de matières premières de la planète de par sa faible consommation énergétique. L’avantage direct pour l’habitant est que la consommation énergétique sera alors moindre et une réduction des factures d’énergie et d’eau sera constatée.
Quels sont les enjeux du logement durable ?
L’habitat durable est un instrument incontournable pour une croissance intelligente et pérenne : il joue un rôle important dans la lutte contre les changements climatiques et présente un potentiel économique considérable.
A l’heure où la consommation des logements représente 26% de la consommation totale d’énergie dans le monde, il convient de s’intéresser à ce secteur, bien plus facile à réformer que celui de l’énergie. Selon le rapport sur le logement durable, publié par les « Cahiers de la Solidarité », au niveau environnemental, le logement est responsable de près de 40% des émissions de gaz à effets de serre. Ce qui révèle d’autant plus l’importance de faire évoluer ce secteur vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement.
Le secteur du logement prend progressivement une place importante dans l’agenda européen et son importance est de plus en plus mise en avant : renouvellement urbain, opportunités économiques, outil de lutte contre les changements climatiques, vecteur d’inclusion sociale, etc. L’amélioration de l’efficience énergétique d’un logement et l’intégration des 3 dimensions citées ci-dessus dans une politique d’habitat peuvent influencer fortement la croissance économique.
Faire évoluer les mentalités
L’évolution de l’habitat vers des approches plus durables exige une participation et une implication active des citoyens. Considéré comme un domaine assez technique, il est indispensable de relayer l’information auprès du grand public : ce sont les acteurs du changement. L’objectif est alors de faire évoluer les mentalités.
Ces dernières années, le logement durable a été mis en avant par les politiques européennes, le message apparait alors comme de plus en plus clair chez les particuliers et chez les constructeurs. L’évolution des mentalités nécessite un partenariat étroit entre les pouvoirs publics et le secteur de la construction. Comme le précise la Société Wallonne de Logement (SWL) dans son rapport « Logement durable et création de logements publics », « il faut investir maintenant, pour la gestion de demain ».
L’ouvrage « Logement vert, logement durable ? » de l’ASBL « Pour la Solidarité », est axé selon les trois grandes dimensions principales du logement durable, et leurs enjeux respectifs. Ce document a pour objectif d’insister sur la plus value du logement durable, et de guider les acteurs du terrain vers de nouvelles pistes d’innovation.
Quelle politique européenne pour l’habitat durable ?
L’efficacité énergétique des bâtiments représente un des principaux piliers de la transformation énergétique. Le logement se trouve d’ailleurs au croisement de plusieurs problématiques régulièrement abordées par l’Union Européenne : problématiques climatiques et environnementales, la transition énergétique, les politiques de cohésion sociale et territoriale, etc. Et pour chacune de ces thématiques, le logement apparait comme un levier d’action prioritaire.
L’UE a la capacité d’influencer considérablement les politiques de logement des pays membres, et pourtant la gestion des politiques de logement varie fortement d’un pays à l’autre. La Belgique se distingue notamment des autres pays européens puisque ce sont les régions qui détiennent les compétences en matière de logement : la définition des objectifs et les décisions sont formulées au niveau de la Flandre, de la Wallonie et de Bruxelles-Capitale. Il n’existe aucun cadre national d’intervention au niveau du logement traditionnel. Pour ce qui est du logement durable, il fait partie des préoccupations des politiques de l’Etat fédéral, en matière de climat, d’environnement et d’énergie.
La politique énergétique wallonne : l’énergie au cœur du logement durable
Même si les régions belges n’avancent pas toutes à la même vitesse en matière de logement durable, la région wallonne a mis les bouchées doubles ces dernières années en adoptant une vision plus sociale du logement durable. C’est notamment dans le cadre des Plans Marshall (Plan Marshall 2.Vert et Plan Marshall 2022) mis en place par le Gouvernement que le logement durable figure désormais parmi les priorités de la Wallonie.
D’autre part, dans la Déclaration de politique régionale 2019-2024, le chapitre XII est consacré à l’énergie et au logement.
« Le Gouvernement s’engage à faire de la rénovation des bâtiments et de l’efficacité énergétique une priorité régionale majeure. » L’objectif final : viser la neutralité carbone de l’ensemble du bâtiment d’ici 2050.
Et pour ce faire, le Gouvernement prévoit quelques mesures, et notamment :
- un renforcement des critères de performance énergétique des bâtiments : il s’agit d’une approche globale qui facilite l’accès de la population à un logement de qualité ;
- le développement des énergies renouvelables : l’idée est ici de développer des bâtiments moins « énergivores », équipés de technologies renouvelables et tournés vers l’avenir ;
- des normes énergétiques ambitieuses : la norme QZEN, pour Quasi Zéro Énergie, est obligatoire depuis début 2021 pour tous les nouveaux bâtiments en Wallonie.
Afin de sensibiliser au maximum les acteurs du logement wallon à cette vision durable, l’accent est mis sur la promotion des éco-matériaux à l’ensemble du grand public et la formation des travailleurs de la construction. De nouveaux critères environnementaux ont également été ajoutés dans les cahiers des charges de construction et des bonus sont distribués lors de l’utilisation de matériaux naturels.
Et même si c’est à la construction publique de donner l’exemple, certains avantages et mécanismes d’encouragement sont désormais octroyés aux propriétaires/bailleurs pour réaliser des travaux économiseurs d’énergie, par le biais de primes, prêts et autres aides.
Les mesures ci-dessus ne sont évidemment qu’une infime partie du contenu détaillé de la Déclaration.
Aussi, le Gouvernement Wallon prouve son engagement pour la cause énergétique avec son implication dans le Plan National Energie Climat de la Belgique (PNEC 2030), initié en 2019. Le SPW Energie et l’agence wallonne de l’air et du climent (AWAC) ont travaillé à l’élaboration de ce projet ayant pour but de définir des objectifs climatiques et de qualité de l’air à l’horizon 2030.
Depuis, la Belgique travaille au quotidien pour répondre aux différents engagements du programme. C’est en 2021 que la Wallonie à prévu de travailler à la mise en œuvre du projet PACE 2021-2030, pour Plan Air Climat Energie, complétant le PNEC 2030 avec des mesures relatives à la qualité de l’air.
La durabilité des politiques d’habitat est un vecteur influençant fortement la croissance économique d’un pays. Et c’est une formule qui s’applique plus largement : l’intégration de toutes les dimensions du développement durable dans la politique de développement d’un État, semble primordiale en 2021 pour une croissance intelligente et pérenne.
L’Union Européenne apparait aujourd’hui comme un véritable catalyseur de cette transformation, qui a les clés en main pour faire réagir et évoluer les mentalités à ce sujet. Nombreux sont les bénéfices d’opter pour le logement durable, et c’est une politique que de nombreux pays tentent d’uniformiser au maximum ces dernières années. Le cas de la Wallonie et sa participation active dans différents programmes européens est un bel exemple d’une démarche d’engagement vers le logement durable.
Article rédigé par Pauline Monier – marketing & communication officer